Situé à Vire Normandie (Calvados), l'Esat de Roullours a expérimenté une nouvelle méthode pour former ses employés au premiers secours, en prenant encore davantage leur handicap.

Ces 5 diplômés sont des pionniers.

Vendredi 22 septembre 2023, Romain Buston, David Outin, Vincent Deradji, Edith Dupont et Léa Gasté ont reçu leur diplôme validant leur formation secourisme premiers secours (PSC1). Jusque-là, rien d’inhabituel puisque plus de 40% des Français sont formés aux gestes qui sauvent.

La particularité des 5 salariés de l’Esat, c’est qu’ils ont suivi une formation adaptée à leur handicap et unique en Normandie.

Adapter la formation au handicap

À la base de cette formation adaptée au premier secours, le lieutenant Joël Lecarpentier, de l’Union départementale des sapeurs-pompiers du Calvados.

On sait que les 7h de formation pour une personne lambda sont lourdes, alors pour une personne en situation de handicap, c’est très difficile.

Un groupe de travail s’est constitué entre l’UDSP14 et différents partenaires experts sur le sujet du handicap. En est ressorti une formation axée sur 3 blocs de trois heures. Mais en la testant à l’Esat de Roullours, le lieutenant Lecarpentier l’a fait évoluer vers 4 séquences de trois heures :

Je n’avais pas eu le temps de faire la mise en pratique, je devais accélérer le tempo.
Lieutenant Joël Lecarpentier

C’est cette nouvelle méthode qui est inédite.

« Faire attention à la sensibilité de chacun »

Ce temps supplémentaire n’est pas vain pour bien prendre en compte les spécificités de chaque stagiaire. « Lors de la formation adaptée, le langage utilisé n’est pas le même. Il faut faire attention à la sensibilité de chacun. Le rythme est différent. Les vidéos aussi ne sont pas toutes les mêmes. Car on est confronté à des réponses émotionnelles différentes ».

À la fin des 4 séquences de formation, les personnes pour lesquelles les émotions ont pris le pas ne sont pas sélectionnées et les autres peuvent passer le PSC1 classique.

À l’Esat de Roullours, c’est 100% de réussite pour les 5 salariés. « Une fierté », pour Richard Cases, l’éducateur et réfèrent Formation, présent à tous les ateliers pour « rassurer » les stagiaires et accompagner les pompiers. 

Résultat, des sapeurs-pompiers ravis d’avoir pu transmettre les gestes qui sauvent, une Direction de l’Esat fière de ses diplômés et des stagiaires qui ne le sont pas moins. Léa a retrouvé de la confiance en soi.

David a « appris beaucoup de choses », notamment sur le fonctionnement du défibrillateur. Et Vincent sait maintenant « réagir en cas d’accident ou de malaise. »

Une petite victoire pour toutes les personnes impliquées de près ou de loin dans ce projet qui fera des émules. D’abord à Roullours puisque de nouveaux ateliers sont prévus avec d’autres salariés de l’Esat. Puis un peu partout dans le Calvados et en Normandie grâce au retour d’expérience que le lieutenant Lecarpentier peut dorénavant réaliser.

Article La Voix le Bocage du 01/10/2023